LIBERTÉ D'EXPRESSION
«Je hais vos idées, mais je me ferai tuer pour que vous ayez le droit de les exprimer.»
Voltaire (1694-1778)
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MARS 2003
LES PRIORITÉS
14 mars 2003
Plusieurs lecteurs de cette chronique se sont plaints, bien amicalement cependant, que je les avais
négligés un peu depuis quelques temps. Ce n'était ni par paresse et ni par manque d'idée, rassurez-vous.
Je suis du genre à me moquer de la propensions des chaînes de télé à présenter, à outrance
selon moi, des films pleurnichards avec des scénarios tournant autour de gens atteints de maladies.
J'aime bien, alors, taquiner ma conjointe en lui disant qu'elle est en train d'écouter la
«maladie de la semaine»! Oh insensible que je suis! Bah! J'ai de la compassion mais
quand c'est trop c'est trop!
Mais lorsque ce genre de situation nous éclate en pleine face et affecte un être qui nous est cher, là,
je dois l'avouer, la fiction et le cynisme prennent le bord! Le 14 février dernier, une amie très chère est
diagnostiquée d'un cancer avec un début de métastases. C'est le choc! Nous ne sommes
pas les premiers à qui cela arrive, ni les derniers mais ça frappe fort! Laissez-moi vous dire que
dans ces moments difficiles, les priorités changent totalement et les sautes d'humeur de
Bush et de Saddam nous laissent alors assez indifférents!
Nous remercions Dieu d'être à la retraite et de disposer de beaucoup de temps et d'énergie
que nous consacrons à notre amie afin de lui faciliter la vie et lui rendre moins pénible la terrible
épreuve qu'elle traverse présentement. C'est la raison pour laquelle ces capsules sont devenues
bien secondaires dans ma vie, le temps de réévaluer mes priorités et de leur donner l'ordre qu'elles méritent.
UNE FRAUDE AMÉRICAINE
17 mars 2003
Dans la capsule du 23 février 2003 sur la désinformation américaine, je mentionnais l'histoire
des incubateurs qui avait été un élément important dans la campagne américaine pour convaincre
les «alliés» du bien fondé de la guerre du golfe persique. Voici cette histoire et son démenti.
Le 10 octobre 1990, une fillette koweïtienne de 15 ans, connus alors seulement sous le nom de
Nayirah, témoignait devant le Caucus du Congrès américain sur les droits de la personne.
«J'étais bénévole à l'hôpital de al-Addan» dit-elle. «J'ai vu des soldats irakiens armés faire
irruption dans l'hôpital et se diriger vers une salle où se trouvait des bébés dans un incubateur.
Ils ont sorti les bébés des incubateurs, pris les incubateurs, et laissé les bébés mourir sur le
plancher froid.»
Au cours des 3 mois qui suivirent, l'histoire des bébés laissés pour morts fut très souvent
évoquée. Le président Bush la raconta, on en parla en comités au Congrès, au Conseil de
sécurité des Nations Unies, à la radio et à la télé. Amnistie Internationale emboîta le pas
et protesta officiellement auprès des autorités irakiennes. Trois mois plus tard, les États-Unis
déclenchaient l'opération Tempête du désert pour «libérer» le Koweït. L'opinion publique,
qui s'opposait à une intervention armée contre l'Irak, avait été marquée par l'histoire des
bébés koweïtiens et appuyait maintenant l'idée d'une intervention.
Après la guerre, on découvrit que l'histoire des bébés tués était fausse; Amnistie Internationale
dut se rétracter. On apprit aussi que la petite Nayirah était en fait la fille de l'ambassadeur
du Koweït à Washington, Saud Nasir al-Sabah, membre de la famille royale koweïtienne,
et qu'avant son témoignage elle n'avait pas mis les pieds au Koweït depuis longtemps.
Sa prestation devant le Caucus du Congrès avait été orchestrées par la Human Rights
Foundation, un organisme très près de la firme de relations publiques Hill & Knowlton,
en fait une de ses créations, qui partageait bureaux et réceptionniste à Washington!
LA PERTE DE CRÉDIBILITÉ DES USA
18 mars 2003
Depuis le début du conflit irakien, les médias américains se sont faits la courroie de
transmission des arguments de l'administration américaine pour justifier une intervention
militaire en Irak. Ils se sont fait l'écho de Georges W. Bush en invoquant tour à tour le besoin
de désarmer Bagdad, de renverser son régime dictatorial, de prévenir le terrorisme ou
d'instaurer la démocratie au Proche-Orient.
Pour prouver ces arguments, les médias ont fait appel à leurs spécialistes, issus pour
la plupart de la filière militaire américaine, pour expliquer et défendre, en long et en large,
chacune des preuves présentées par Bush. Avec force graphiques et montages vidéos,
ils ont montré comment fonctionnent les «usines mobiles» de produits chimiques
de Saddam, comment les scientifiques irakiens utilisent des «tubes d'aluminium»
spéciaux achetés à l'étranger pour enrichir l'uranium importé du Niger. Ils ont ensuite
épluché et expliqué en détail le «rapport secret» de la CIA sur le programme nucléaire
de Bagdad.
La semaine dernière, ils ont sorti le dernier «smoking gun»: les Irakiens possèdent
des drones, des avions téléguidés sans pilote capables de gazer les troupes américaines.
Les experts sont revenus devant les caméras pour appuyer cet ultime preuve : les Irakiens
ont modifié des chasseurs MIG russes et des jets d'entraînement jugoslaves
pour les rendre capables de pulvériser des produits chimiques sur les troupes
américaines! C'était vraiment convainquant.
Malheureusement pour les Américains, tous ces arguments ont été démolis un à un par
Hans Blix, le chef des inspecteurs de l'ONU dans ses rapports au Conseil de Sécurité:
- Aucune usine mobile n'a été trouvée,
- Les tubes d'aluminium n'avaient pas la qualité ni la précision requise pour centrifuger l'uranium,
- Les importations d'uranium du Niger étaient une fraude et un coup monté,
- Le rapport secret était le travail d'un étudiant anglais réalisé il y a plusieurs années.
- Les drones ? En fait on en a trouvé un! Oui! On a vu la photo: propulsé par deux moteurs de motocyclette, il
est construit de balsa tenu ensemble par du «duct tape»! Nos modélistes amateurs font beaucoup
mieux dans le genre!
La démolition des preuves de l'administration Bush et le ridicule de
la situation commencent toutefois à faire des brèches dans la solidarité des médias américains.
Au grand étonnement de plusieurs observateurs, le New York Times a publié un
éditorial le 9 mars dernier dans lequel il prend position contre une intervention militaire
américaine sans un large appui international estimant que l'objectif d'un tel conflit était
«flou et fondé sur des prémisses discutables» Et vlan!
Presqu'au même moment, le réseau de télévision CBS présentait un reportage sur le travail
des inspecteurs de l'ONU en Irak mentionnant leur extrême frustration envers les sources de
renseignements américaines qui les dirigent constamment sur de fausses pistes afin
d'entraver leur travail et miner leur crédibilité. Rien de surprenant à ce niveau lorsque l'on sait que
l'administration américaine n'a jamais cru à la valeur des inspections de l'ONU pour désarmer
Saddam.
DES «FREEDOM FRIES» AVEC ÇA?
19 mars 2003
Tous les arguments pour justifier une guerre avec l'Irak ayant été démolis les uns après les autres,
les Américains, pour se défrustrer, en sont réduits à casser du sucre sur le dos
des Français qui sont devenus, à leurs yeux, les pires traîtres de la planète. Si vous
lisez l'anglais et si vous avez besoin de vous en convaincre, allez faire un petit tour sur le site de
Miquelon.org qui
prend la défense de la France dans sa cause : vous en verrez des vertes et des pas mures!
On peut comprendre les gens de s'amuser à vider des bouteilles de Beaujolais français dans
les égouts de Los Angeles: ça fait un beau spectacle à la télé et ça mousse la vente des
vins californiens! On peut comprendre aussi la frustration d'un éditorialiste de CNN de s'en
prendre à la chaîne d'hôtel Sofitel qui appartient à des intérêts français d'avoir remplacé
le drapeau français sur sa façade par le drapeau américain afin de préserver sa clientèle!
C'est un peu hypocrite de leur part, il faut l'avouer.
Mais là où ça prend une tournure
nettement démagogique, c'est lorsqu'on apprend que des députés ont obligé trois cafétérias
du Capitole à remplacer les «french fries» de leurs menus par des «feedom fries»!
Ce sera ensuite le tour des «french toasts», des «french dressing» et des «french doors»?
J'ai bien hâte de voir le prochain film américain où un acteur donnera un «french k..» Oh! Sorry!, un
«Hollywood kiss» à sa dulcinée!
Ah! J'ai une suggestion à leur faire! Vous savez qu'aux USA on appelle les Québécois
des «french canadian». Alors, tant qu'à y être, pourquoi ne pas les renommer
«free canadian»? Du coup on n'a plus besoin de référendum pour faire l'indépendance
du Québec! Pas certain cependant que le reste du Canada serait d'accord!
LE PRIX DE LA GUERRE
23 mars 2003
C'est le cœur gros mais sans grande surprise que j'ai assisté au début de la
guerre avec l'Irak. Le président Bush a finalement ordonné à ses stratèges militaires de
mettre en marche leur plan d'invasion de l'Irak si minutieusement préparé depuis 1 an.
Il ne faut pas se leurrer : jamais Bush n'a cru au désarmement de l'Irak par des moyens pacifiques.
Son but à toujours été d'envahir l'Irak, d'éliminer Saddam Hussein et de mettre ce pays sous
tutelle américaine. Ça fait 1 an qu'il le dit sur toutes les tribunes. Point à la ligne.
Il faut donc considérer l'épisode des tergiversations à l'ONU comme un moyen
supplémentaire utilisé par l'administration américaine pour se donner plus de temps pour amasser
des troupes au Koweït et tenter de convaincre les pays de l'ONU de participer à la coalition dans
le but, inavoué bien évidemment, de leur faire partager la facture. Les diplomates
anglo-américains ont échoué lamentablement dans cette tâche, tous les arguments utilisés
pour convaincre le reste du monde ayant été mis en pièces les uns après les autres.
Lors de la guerre du Golfe Persique en 1991, ce sont les pays arabes qui avaient absorbé la facture.
Cette fois-ci, les USA seront seuls, avec les Britanniques, à en payer le prix qui sera, à n'en pas douter,
extrêmement élevé. Les États-Unis sont déjà aux prises avec un important déficit qui ne
pourra que s'amplifier avec cette guerre. Lorsqu'un géant économique comme les USA éternue,
c'est le monde entier qui en prend pour son rhume. Rien de réjouissant à l'horizon.
«CHOC ET STUPEUR» ... AU PENTAGONE!
25 mars 2003
Vendredi, le 21 mars dernier, le monde entier a été témoin du bombardement intense que la ville de
Bagdad a subi au cours de la nuit. Les explosions assourdissantes ont détruit une partie des édifices
gouvernementaux situés sur la rive du Tigre dont un palais-musée que la propagande américaine
a faussement présenté comme un des palais présidentiels de Saddam Hussein. Les effets
pyrotechniques étaient tellement impressionnants qu'ils nous ont fait oublier, pour un moment, le but
de ce débordement de violence : les américains venaient de déclencher l'opération «Choc et Stupeur»
qui allait mettre à genoux la dictature irakienne et la forcer à abdiquer.
Dans les offices du Pentagone, on avait imaginé qu'une succession d'intenses bombardements aux
missiles de croisière et aux bombes guidées par GPS allaient avoir un effet psychologique sur la
population et l'armée irakienne en créant un état de «choc et de stupeur» susceptible de les
pousser à se révolter et déposer leur dictateur. Or, l'effet escompté ne s'est pas produit et semble
avoir provoqué exactement le contraire : le peuple irakien déteste Saddam Hussein au plus
haut point mais Bagdad est une ville sacrée pour tous les arabes de la péninsule arabique
et l'agression américaine contre cette ville a provoqué une augmentation importante du ressentiment
anti-américain dans la population.
Depuis des semaines, les généraux à la retraite servant d'analystes sur les réseaux de télévision
nous ont rabâché les oreilles de leurs prédictions à l'effet que les soldats irakiens
allaient se rendre en masse et que la population chiite du sud de l'Irak, en particulier, accueillerait
favorablement la coalition anglo-américaine et se révolterait contre les troupes irakiennes.
Au contraire, c'est la résistance qui se développe, y compris de la part de groupes hostiles à Saddam.
Chez les opposants du sud, la formule «l'ennemi de mon ennemi est mon ami»
n'a pas fonctionné et tous les spécialistes sont confondus!
Les villes de Bassorah et d'Oum Qasr ne sont pas tombées comme prévu. Les anglo-américains
ne sont pas accueillies en libérateurs et ce ne sont pas des «fleurs» qui
leur sont lancées! Le Pentagone doit maintenant réviser toute sa stratégie et préparer
la population américaine à des pertes importantes. Le Pentagone a même interdit
aux chaînes américaines de diffuser certaines scènes montrant des soldats morts dans
une embuscade: on craint son effet démoralisateur sur la population américaine comme
ce fut le cas en Somalie.
Espérons maintenant que le siège de Bagdad qui se prépare soit court et que le
despote irakien n'utilise pas d'armes chimiques contre ses adversaires.
LA CENSURE DU PENTAGONE
27 mars 2003
Dans la précédente capsule, je faisait référence à la Somalie où, en 1993, l'armée américaine était
impliquée dans des opérations de maintient de la paix. Le 3 octobre de cette année-là, un
hélicoptère Black Hawk des Marines est abattu dans un quartier de la ville de Mogadishu.
Une escouade d'environ 100 soldats est envoyée pour rescaper les occupants mais a été prise
sous le feu nourri des Somaliens. Quand les renforts sont arrivés, il y avait 75 blessés
et 18 morts sur le terrain. Le réseau CNN diffusa des images montrant
les Somaliens se réjouissant sur les débris de l'hélicoptère et traînant dans la rue
le cadavre d'un des occupants. Outrés, les Américains ont réclamé le retrait
de leurs troupes.
C'est le genre de situation que le Pentagone cherche à tout pris à éviter dans le présent conflit
afin de «préserver» l'opinion du peuple américain qui approuve à 70% l'intervention en Irak.
Il ne faut donc pas s'étonner de la vive réaction de censure que le Pentagone a infligé aux
médias américains en leur interdisant de diffuser les
images des soldats américains tués et faits
prisonniers dans une embuscade dans la ville de Nassiriyah au sud de l'Irak.
Alors que les télévisions du monde entier diffusaient les images de la chaîne arabe
de nouvelles Al-Jazira, le peuple américain était «protégé» de ces images par
l'interdit du Pentagone. Ce n'est que 24 heures plus tard que CNN, CBS, NBC et ABC ont
commencé à diffuser des scènes épurées des prisonniers américains mais aucune
montrant les cadavres de 6 ou 7 soldats dont plusieurs portaient des impacts de balles à la tête.
Il se pourrait qu'ils aient été assassinés mais c'est à confirmer.
«EMBEDDED»... DANS LE MÊME LIT ?
29 mars 2003
En 1991, Jon Alpert était journaliste pigiste pour NBC à Bagdad. À cette époque, dans les premiers
jours de l'Opération Desert Storm, l'armée américaine nous montrait des images de bombes
«intelligentes» tombant sur leurs cibles sans faire de dommages collatéraux. Mais voilà, Alpert était sur
le terrain et a filmé les dégâts des bombes explosant de façon pas si intelligentes que ça. Des images
exclusives et indépendantes de la volonté du Pentagone. NBC n'a jamais diffusé ses images car, en
temps de guerre, la majorité des médias ne veulent pas s'opposer au gouvernement des États-Unis.
En 1991, le Pentagone ne faisait pas de cachette qu'il contrôlait l'information. Il aurait été surprenant
qu'il n'en soit plus de même en 2003! Depuis le début du conflit avec l'Irak, les téléspectateurs du
monde entier peuvent voir, en temps réel, les bombes s'écraser sur Bagdad et les colonnes de chars
foncer à toute allure dans le désert. Cette prouesse est rendue possible par l'avènement du «vidéophone»
qui permet de transmettre des images de piètre qualité via satellite mais surtout par la décision du
Pentagone d'autoriser plus de 500 journalistes à accompagner les troupes dans leurs missions.
Toutes les chaînes américaines ont au moins 3 ou 4 journalistes insérés dans les divisions
de l'armée ou sur les porte-avions. À la télé américaine, on utilise le terme «embedded» pour les
décrire. Les journalistes indépendants les surnomment «in bed», un jeu de mot signifiant «au lit».
Ils ne sont pas loin de la vérité car ces journalistes «in bed» sont en parfaite symbiose avec les
soldats qu'ils côtoient. Si vous écoutez les reportages, vous les entendrez dire «Nous!» comme s'ils
étaient des soldats! Fascinant...! Ils portent le même uniforme et ont même le mot «Correspondent»
brodé sur leur poitrine.
Ces gens s'identifient aux troupes, à leurs problèmes, puis naturellement
à leur mission qu'ils ne pensent plus à remettre en cause. C'est une orchestration totale.
Le Pentagone a compris que la télévision a besoin d'images, de personnages et d'histoires.
Cela permet de fournir des images superficielles, patriotiques, des troupes faisant leur
boulot. C'est Hollywood. Un nouveau niveau de manipulation. Les grandes chaînes américaines se sont
transformées en relais pour l'information militaire et c'est dérangeant.
LIBERTÉ D'EXPRESSION
TOUT VA COMME PRÉVU !
31 mars 2003
Les familles fuient la ville de Bassorah dans le sud de l'Irak.
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La guerre anglo-américaine contre l'Irak a débuté le 20 mars dernier lorsque les «civils»
de la CIA ont convaincu l'administration Bush de faire une frappe stratégique sur Bagdad pour
«décapiter» le régime de Saddam Hussein. L'opération fut un échec total.
Les «militaires» du Pentagone étaient en furie! Ils venaient de se faire voler le show!
Obligé de devancer ses plans, le Pentagone lança dès le lendemain l'opération
«Choc et Stupeur» qui n'eut ni l'effet de surprise ni les résultats escomptés.
Dix jours plus tard, force est d'admettre que rien ne va plus entre les «civils» et les «militaires»
qui sont à couteaux tirés. Sur le terrain, les généraux demandent une pause et exigent plus de
soldats et de matériel. Ils concèdent qu'ils ne s'attendaient absolument pas à ce genre de guerre.
En temps de guerre, une telle dissension ne peut s'étaler au grand jour. Donc, depuis deux jours,
autant les «civils» représentés par le Secrétaire à la défense
Donald H. Rumsfeld que les «militaires» représentés par le général Thomas Franks
font du «damage control». Les agences de communications savent très bien ce que cela veut
dire: quand ça va mal on beurre épais pour ne pas que ça paraisse! Rumsfeld et Franks
sont d'une belle unanimité: tout se déroule conformément au plan selon eux!
Mais nous avons cependant assez d'indices pour nous faire une bonne idée de ce plan et
des attentes qui ne se sont pas matérialisées:
- On a essayé de tuer Saddam lors de la première frappe. On doute qu'il soit mort
car le dictateur a fait plusieurs apparitions à la télévision.
- Même si Saddam s'en sortait vivant, on espérait «décapiter» la hiérarchie irakienne.
Désolé mais la ligne de commandement irakienne semble intacte.
- On était convaincus que les soldats irakiens ne combattraient pas pour Saddam,
qu'ils allaient se rendre en masse comme lors de la première Guerre du Golfe. Après
10 jours, on recense environ 4 000 prisonniers irakiens. On est bien loin des 100 000 prévus.
- On prenait pour acquis que les citoyens irakiens allaient accueillir les soldats américains
en libérateur. Oups! On rêvait certainement en couleur! Pas de fleurs ni de fanfare pour les G.I.!
- Les stratèges militaires considéraient la milice des Feddayins de Saddam comme une force
négligeable. C'est pourtant cette milice qui harcèle les troupes américaines et les
a forcé à faire une pause dans son avance vers Bagdad. On a même demandé des conseil aux
Israéliens qui sont les maîtres de la guérilla urbaine.
- On croyait que les citoyens des villes allaient prendre les armes et se révolter contre les
troupes de Saddam. C'était oublier ce que 10 ans d'embargo et des tonnes de bombes
plus tard peuvent provoquer chez un peuple fier confronté à un envahisseur. Bassorah devait être la
première à se révolter et tomber. Elle résiste encore.
- Parmi les objectifs de cette guerre figurait la destruction des armes de destruction massive (ADM) de
Saddam. On a bien «libéré» une usine de produits chimiques dans le sud et «anéanti» un camp d'entraînement
du groupe Ansar-Al-Islam supposément allié à Al-Qaïda dans le nord. Le secrétaire d'État Powell s'était servi
d'une photo de ce camp le 5 février dernier à l'ONU pour prouver que l'Irak possédait des ADM.
On a rien trouvé aux deux endroits.
Après tous ces déboires, il semble de plus en plus certain maintenant que les «militaires» vont
maintenant prendre les choses en main. C'est un anglais qui a dit: «La guerre est trop importante
pour en laisser la conduite aux militaires!». Espérons qu'il ne savait pas ce qu'il disait!
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