10 décembre 2010
LE PANTALON DE GUYLAINE
Guylaine a rencontré le boss de l’hôtel ce matin, celui avec le turban sikh, qui lui a dit que son pantalon taché de peinture acheté quelques semaines plus tôt à 100 $ ne valait pas plus que 1000 roupies soit 23 $ en Inde. Toute une dépréciation! Pas le choix d’accepter car notre taxi est arrivé pour nous mener à l’aéroport.
VENTILLATION DE FRUSTRATION
Raymonde s’assied à l’avant et profite de sa position pour déballer notre frustration au chauffeur, le même que nous avions hier, au sujet de tout ce que nous avons vécu de dérangeant le jour précédent et que nous avons exorcisé longuement au souper hier soir. Elle lui fait bien comprendre que en avons contre le fait que ni lui ni le guide n’ont pris la peine de nous consulter, nous les clients qui avons payé pour leurs services, pour des décisions qui nous concernaient. Il fait son mea culpa en disant que le chauffeur est inférieur au guide et que même s’il travaille pour Trimurti, son boss c’est le guide. En tout cas, voilà un point d’éclairci.
LES SLUMS LORDS
Pendant le trajet vers l’aéroport, nous traversons une section de «slums», des bidonvilles, en particulier l’endroit où les jeunes acteurs du film Slumdog Millionaire vivaient avant leur vedettariat. Nous lui faisons confirmer ce que le guide nous a dit hier au sujet des slums car, pour ma part, j’en avais été très troublé au point d’en discuter longuement pendant notre souper hier soir.
En gros, il nous a dit que les slums sont gérés par la mafia locale, par les «slums lords», qui, protégés par des politiciens véreux à leur solde, squattent des terrains privés ou gouvernementaux, les lotissent et louent les parcelles à des gens pauvres qu’ils exploitent par la suite de différentes façons, la plus courante étant les fameuses mendiantes avec leur bébé au sein qui nous émeuvent tant. À chaque fois que nous donnons à ces femmes, a-t-il dit, une grande partie retourne à ces mafieux et il nous avait encouragés à ne pas leur donner d’argent, préférant en cela les femmes qui vendent des produits d’artisanat.
MUMBAI LA BELLE ET SES VACHES SACRÉES
Comme dit dans un autre billet, à Mumbai, nous sommes dans un autre pays tellement cette ville est propre et moderne! Pas de tuk-tuk ni de rickshaws bruyants et polluants qui ont été confinés aux banlieues et aux «slums» ni de vaches sacrées qu’un règlement municipal interdit sauf dans un cas bien précis dont nous avons été témoins. Notre guide nous a fait remarquer une belle vache en santé attachée à un lampadaire à un coin de rue et, près d’elle, une dame assise à coté d’un tas d’herbes vertes qu’elle vend aux gens pour nourrir la vache. Ici, tout le monde gagne : le dévot honore une vache sacrée en la faisant manger, la dame vit des revenus de sa vente de foin et le propriétaire de la vache, une grosse laiterie, en retire le lait! Ingénieux comme système! Voilà le genre de compromis qui devrait être implanté dans toutes les grandes villes de l’Inde.
VOL VERS KOCHI
Ce matin, je suis le chacha du groupe, le guide, et je suis très nerveux car je n’ai pas réussi hier soir par internet à confirmer nos billets pour le vol de ce matin, recevant toujours le même message de vérifier à l’aéroport l’état de nos réservations. Ceci m’inquiète beaucoup car les compagnies aériennes font souvent de la survente pouvant repousser notre vol plus tard dans la journée. Finalement tout s’est déroulé parfaitement et il y avait même des places libres sur l’avion dont celle à ma gauche ce qui m’a permis d’être à l’aise, mon siège étant sur l’allée.
QUI EST MARCEL?
L’architecture de l’aéroport de Kochi – aussi appelé Cochin - se rapproche beaucoup du style des villas luxueuses que nous avons pu voir lors de l’atterrissage de notre Boeing 737-800 avec leurs toits de tuiles ocre et leurs murs recouverts de crépi jaune. Nous trouvons rapidement nos valises et notre taxi qui nous montre une feuille sur laquelle est écrit en grosses lettres : Mr Marcel.
Prenant pour acquis que le Marcel en question est notre Marcel Mérette, nous voilà partis en direction de l’hôtel. Notre chauffeur parle très peu anglais ou du moins, ne semble pas nous comprendre, occupé qu’il est à conduire son véhicule. À chacune de nos questions sur ce Mr Marcel il nous montre la fenêtre de son cellulaire où apparaît le même nom. Impossible donc de savoir si nous sommes vraiment dans le bon taxi. Concernant le nom de notre hôtel, je comprend: Hein’s Regency! Ça nous dit rien mais faisons confiance l’Univers, nous ne pouvons rien changer!
Après une heure de trajet, nous arrivons enfin au le Ann’s Residency! On nous attend et rapidement nous sommes dans nos chambres. Quel n’est pas notre surprise de voir apparaître soudain Claire et son conjoint Criss qui vont faire les prochains jours en notre compagnie! Nous sommes donc au bon endroit! Elle nous apprend que le fameux Mr. Marcel est pour Marcel Poulin, organisateur de notre voyage dans le sud! Enfin une explication logique!
ALLÉLUIA! ALLÉLUIA!
Je reste à la chambre pour taper mes billets des derniers jours pendant que mes amis vont visiter une synagogue qui doit fermer dans une heure. Comme nous avons deux taxis à notre disposition, le nôtre et celui de Claire, ils prennent un des deux pour faire leur déplacement. Parvenus à la synagogue, elle est malheureusement fermée! Raymonde monte quand même les marches pour aller vérifier la porte qui est bien barrée. En se retournant, elle voit une horde d’écoliers et de locaux dans la rue et qui la regardent juchée sur les marches. Ne faisant ni une ni deux, elle improvise comme Gregory Charles et entonne le Gospel Alléluia! Alléluia!. Dans la foule, c’est le délire! Les gens se mettent à chanter avec les bras dans les airs, à danser et à crier! Incroyable réaction spontanée! Absolument et totalement inattendue! Surprise, Raymonde veut descendre des marches mais la foule en réclame encore plus! Je n’étais pas là mais ce que mes amis m’ont raconté frôle presque l’hystérie collective! Nous en rions encore! Alléluia! Belle Raymonde!
BIÈRES ET SOUPER… ET TRANSFORMATION!
Criss est malade depuis hier : son et lumière comme on dit maintenant, résultat d’un repas pris sans précaution. Il ne peut donc être avec nous pour la bière Extra Strong Kingfisher que nous prenons sur la terrasse près de notre chambre. C’est merveilleux d’avoir Claire de nouveau avec nous pour notre apéro quotidien! Nous mettons notre mémérage à date et filons ensuite au resto Oceanos pour notre souper où le poisson sous toutes ses formes aura la vedette. Nous sommes unanimes à dire que la nourriture du sud est dix fois meilleure que celle du nord!
Nos discussions portent presqu’exclusivement sur la transformation que chacun de nous a «subie» pendant le dernier mois, confrontés comme nous l’avons été à des croyances, des comportements, des odeurs, des situations toutes plus dérangeantes les unes que les autres. À tour de rôle, nous avons partagé nos coups de cœur et nos déceptions qui ont fait de nous des êtres différents de ce que nous étions avant le départ.
Comme déjà dit dans un de mes premiers billets publié le 10 novembre et intitulé Pourquoi ce voyage en Inde :
«On ne revient pas indemne d'un voyage en Inde : on en revient transformé!»