…Et me voilà confronté à la meute de rats affamés gros comme des chats qui me mordillent les chevilles. N’écoutant que mon courage, je me fraye un passage à travers cette horde désordonnée insouciant du danger qui me guette dans le fin fond de ce temple lugubre…
C’est dans ces termes que j’avais imaginé débuter ce billet en toute bonne foi mais la réalité dépasse souvent la fiction et je me dois de réviser totalement ce passage. Ce matin, nous sommes vraiment allés visiter le temple Karni Mata dédié aux rats. Nous nous sommes déchaussés mais avons pu conserver au moins nos bas pour entrer dans le temple. Après avoir marché dans les fientes des milliers de pigeons partageant les offrandes des fidèles aux rats, nous avons enfin pu voir de visu ces fameux rats qui meublaient mon imaginaire. Ce fut, pour moi, un anti-climax, les rats, à peine plus gros que des souris, me fuyant pour aller se réfugier au bas des murs ou aller boire aux immenses assiettes de métal remplies à ras bord de lait. Rien d’autre à ajouter. Y’avait rien là! Sauf le fait que ça fait dur parfois dans la religions hindous : l’autre jour nous avons vu un sanctuaire le long d’une route dédié à une motocyclette, aujourd’hui ce sont des rats, demain, une bouteille de Coca-Colà? Il se trouverait certainement des milliers de fidèles à venir y faire leurs dévotions au dieu d’Atlanta!
LE JUNAGARH FORT
Nous sommes revenus en ville pour faire la visite du City Palace, la forteresse et le palais Junagarh, en audio-guide, une formule que j’affectionne particulièrement car elle nous permet de nous asseoir à volonté pour écouter les explications et de visiter à notre rythme.
LE PACHEMINA DE RICHARD
J’ai pris l’après-midi libre à l’hôtel pour me mettre à jour dans mon blogue. Les autres sont allés voir une ferme de dromadaires et magasiner au bazar afin de permettre à notre ami Richard d’exaucer la promesse faite à son épouse Claire de lui rapporter un pachemina. Lorsqu’il nous a avoué cela ce matin au déjeuner, toutes ces dames se sont offertes à le conseiller et à faire tout leur possible pour lui permettre dépenser ses roupies au meilleur achat possible. On a même demandé à Raymonde d’être généreuse et de lui en vendre un des milliers qu’elle a en main mais ce fut peine perdu : pour que le pachemina ait toute sa valeur, il doit être marchandé dans un vrai bazar et avec un vrai indien. Rien de moins!
À suivre!
L'activité de cet après-midi consistait en la visite d'une ferme de dromadaires. Je laisserai à Raymonde le soin d'en parler puisque je n'y suis pas allé.
À une trentaine de kilomètres de Bikaner, se trouve l’un des lieux saints les plus étonnants de l’Inde : le temple de Karni Mata. Il accueille des centaines de rats évoluant librement dans les deux édifices. Ces rats ne sont pas n’importe qui : ces rongeurs représentent des âmes humaines.
La mystique Karni Mata a vécu au XVe siècle. Elle était une réincarnation de la déesse Durga, mère de Ganesh. Rien de moins! Cette sainte ermite, membre d’une caste de conteurs de la région, les Charans, aurait demandé à Yama, le dieu de la Mort, de rendre la vie au fils d’un conteur affligé. Yama s’exécuta, mais ressuscita le jeune homme sous forme de rat. En colère, Karni vola toues les âmes de sa caste du royaume de Yama. Ils se réincarneraient désormais en rat, avant de renaître sous forme humaine.
Karni serait morte, là est le hic, à 151 ans. Pour abriter les rongeurs, un temple fut construit autour de la grotte dans laquelle a vécu Karni Mata. L’architecture extérieure actuelle du temple fut cependant rajoutée au XIXe siècle par le maharaja Ganga Singh. À l’intérieure, devant une photo de Karni, se trouve un grand plat métallique, rempli de grains, qui attirent les rats. Parfois ils se désistent et se promènent près de nos pieds et se faufilent entre les jambes. Ils sont parfaitement inoffensifs.
Mais l’odeur est assez perfide à l’entrée de ce temple. La fiente des pigeons plus celle des rats ne laissent pas nos narines au repos bien longtemps. Ça pue! Un point, c’est tout! En plus, j’ai marché dans un mélange de tout ça avec mes bas qui se sont devenus tout mouillés de… Bon!
City palace ou Palais de Janagarh
Mon favori de tous! Il fut construit par le Raja Rai Singh. Les travaux de sa construction durèrent de 1589 à 1594. Il était général de l’armée du grand empereur moghol Akbar. Comme la majorité des forts du Rajasthan, il se compose de très grandes cours dans lesquelles avaient lieu les grandes fêtes hindoues, de multiple palais, et de couleurs cachés par des moucharabiés permettant aux femmes de voir ce qui se passait dans les cours sans être aperçues par les hommes.
Le sati
Quelle pratique barbare. Pour résumer, c’est une pratique qui consistait à immoler l’épouse pour rejoindre son époux décédé. Sur le mur à l’entrée, après avoir monté plusieurs marches et gravit une pente assez longue et abrupte, nous voilà devant une plaque où les mains des épouses du roi qui furent immolées suite au décès de leur époux.
Vu que l’opium était légalisé dans le temps, Claire et moi décidons qu’elles devaient être « gelées » avant de se faire le sacrifice de leur vie. Nous ne pouvons imaginer qu’elles montaient ver le bucher en chantant des tounes de libération. Ben voyons donc!
Des moyens machos ces barbares. Le contraire n’aurait jamais été accepté par AUCUN homme de cette planète. Quelle injustice! Il peut bien y avoir qu’un pape et pas de papesse…
Voici le rituel décrit par l’audio guide :
À la mort de son époux, la veuve prend d’abord un bain afin de se purifier (quand même!!!)
Elle est ensuite parée d’un sari de mariage (bonne fête ma vieille, ça t’apprendra de marier un macho)
Si elle est de sang royal, elle appose l’empreinte de sa main sur un mur (il y a 29 mains sur ce mur, 29 innocentes)
Elle se munit d’un miroir, d’un peigne ainsi que de kumkum (pâte qu’elle applique sur les portes des maisons sur son chemin vers le bûcher)
Arrivée au bûcher, elle se défait de ses bijoux qu’elle confie à la famille (gang de chanceuses, va!)
Puis, comme le jour de son mariage, puisqu’il s’agit d’une seconde union (incroyable! Nous on divorce et on ne veut pas de 2e union), elle fait plusieurs fois le tout du bûcher. (C’est de la pure folie. Elle doit le maudire ce mec qui a osé mourir avant elle.)
Elle se place ensuite sur le bûcher, tient dans sa main une noix de coco, symbolisant le crâne de Brahmâ et la tête de son mari sur ses genoux. (Elle devait casser la noix à force de serrer cette noix maudite sur ses genoux).
L’espace d’un instant, elle est une déesse. (Son trône ne dure que le temps de se préparer à mourir. Gardez-le votre trône)
C’est le fils aîné de la sati qui allume le bûcher. Et elle devient le Bar BQ de la place. Brûler vive! Pour aller rejoindre l’esprit de son mari.
Je suis surprise, encore aujourd’hui, qu’il n’y ait pas plus de meurtres que ça. Je le tuerais même si je devais être lapidée ensuite. Mais l’écœurant, il n’en ferait pas souffrir d’autres. Quel désastre et quelle souffrance! Je suis totalement indignée.
Ferme de dromadaires
Nous passons du tragique à la ferme de dromadaires. C’est le seul centre de recherche sur le dromadaire de toute l’Asie. Nous avons eu quelques explications sur la vie des dromadaires. Lorsque nous sommes arrivés, un dromadaire honorait une femelle. Il peut le faire 3 fois par jour avec 3partenaires différentes. Parfois, ça aide la libido. Le sexe du chameau est très long et très étroit. Les femmes du groupe, on se posait bien des questions au sujet de cette copulation. Après avoir terminé, car tout se fait assis, il sort une excroissance de sa bouche pour appeler une autre femelle. Nous pensions que c’était sa langue! Non, c’est bien une excroissance énorme qui pend sur un côté de sa gueule. Nous avons conclu qu’il était toujours insatisfait.
Ils peuvent vivre 7 jours sans manger ni boire en plein été et 45 jours en hiver. Le nom de Bikaner est aussi une caste de dromadaire. Il y a plusieurs races de dromadaires selon les régions.
J’ai acheté un foulard en poils de chameau. Très beau et très chaud. Il s’avère le plus chaud des 14 achetés. On me taquine mais d’autres membres du groupe en ont 10 ou 11! Alors! Nous sommes des magasineuses de Pashminas.
Sur toutes ces montagnes russes d’émotions, je vous dis…
Ce matin, nous revenons en 4 x 4 avec le boss comme conducteur. Clôde me fait la remarque qu’il me trouve bien drôle. Il me demande si je veux revenir dans le désert pour 6 mois. On oublie ça mon vieux! Pascal rit en disant elle revient chez-nous. Amusant comment l’humour peut aider à prendre contact avec les gens. Les indiens aiment rire. J’ai quand même eu peur à un moment donné car il a fallu qu’il accélère pour monter une dune de sable. Il pense que je m’amuse et commence à faire du slalom. Il oublie que Daniel, Marcel, Guylaine et le guide local sont suspendus à l’extérieur du véhicule. On le rappelle à l’ordre suite aux recommandations de Claire et du guide local.
Départ pour Bikaner, cité fondée en 1488 par Rao Bikaji, chef rajpoute. Cette ville est un haut lieu du Rajasthan où nous saisissons le mieux le caractère romantique de cette terre de preux chevaliers. Après le déjeuner, visite du Fort Junagarh et de la vieille ville.
Au fur et à mesure de notre progression, le désert se fait plus dense et les populations rurales deviennent nomades. Des huttes ponctuent un paysage aride ou l’on aperçoit des charriots tirés par des dromadaires.
L’agriculture, toujours difficile dans la région du fait du climat quasi désertique, a longtemps dépendu de l’eau de pluie. La construction du canal Indhira Gandhi a changé ces conditions peu propices et a permis le développement des cultures. Les principales productions sont maintenant le blé, le coton que Sanjeev nous mentionne en passant, la moutarde que Daniel nous souligne à plusieurs endroits et l’arachide.
On ne peut parler de Bikaner sans parler de Prithviraj Singh – Raj Singh I – poète et guerrier qui a travaillé à ce que sa ville devienne florissante avec son comptoir de commerce important le long de la route de la soie. Et le dernier grand maharaja, Ganga Singh mène Bikaner à son apogée et en fait l’un des principautés les plus importantes de l’Inde.