27 décembre 2010 – Athiyanthai Village, Thiruvannamalai
Frustrations indiennes
Une de mes frustrations de la veille venait du fait que la toilette de notre chambre ne fonctionnait pas : pas d’eau. Problème de valve. Donc, à chaque fois que nous l’utilisions, il fallait remplir le réservoir avec le boyau du bidet, un bon cinq minutes chaque fois. Dès notre arrivée, j’en informe la réception en les avisant de réparer sinon de nous changer de chambre : «No problem! No problem!».
Comme toujours, le problème a persisté jusqu’à notre départ! Aucune réparation ne fut faite et comme aucune chambre n’était disponible, nous avons dû vivre avec le problème. Vengeance inconsciente peut-être, mais le couvercle du réservoir s’est cassé en mille morceaux lorsque je l’ai échappé dans le bain ce matin. Aucun remords !
Hier, en revenant d’Auroville, nous avons aussi beaucoup discuté avec Vidji et entre nous sur l’horaire et l’itinéraire pour aujourd’hui qui ne convenait pas à tout le monde. Après plusieurs minutes de discussions, nous sommes finalement arrivés à un consensus : départ retardé d’une heure et remise de la montée sur la montagne sacrée de l’ashram Ramana de Thiruvannamalai à demain matin si possible. De plus, nous ne ferons qu’un arrêt pour les photos à Genji Fort au lieu d’une visite complète.
Au déjeuner hier matin, il n’y avait qu’un employé qui charriait la nourriture au compte-goutte dans un petit sac. Nous étions une vingtaine de personnes à lui crier après et le pauvre gars ne savait plus où donner de la tête. Je m’en suis tiré avec un petit verre de jus et trois chocolatines que j’ai pratiquement dérobées à la cachette! Quant à la facturation, encore une fois nos deux chambres avaient été mêlées! Plus ça change, plus c’est pareil! Donc c’est avec une grande joie que nous avons quitté cet hôtel puant l’humidité (canis) et au service exécrable.
Fabrication de papier à la main
Le premier arrêt de la journée se fait à la fabrique artisanale de papier de l’ashram Aurobindo. De gros ballots de coton provenant de vêtements déchiquetés servent de matière première. On les broie sous une meule afin de les réduire en pâte. Cette pâte est ensuite étendue en une mince couche sur un tamis d’un mètre sur un mètre pour laisser écouler l’eau. Les feuilles résultantes sont empilées, chacune étant séparée par une toile, et une presse applique de la pression pour extraire toute l’eau résiduelle. Les feuilles sont ensuite mises à sécher. Raymonde a trouvé de jolies poubelles faites en carton dans la boutique de souvenirs.
Gengee Fort
L’arrêt suivant se fait à Gengee Fort, une forteresse englobant trois collines sur lesquelles ont été construits des édifices. Il est possible de gravir un long escalier menant à ces édifices mais comme notre intérêt est plutôt d’y prendre des photos, Vidji nous conduit à l’entrée de deux des trois collines d’où nous pouvons facilement prendre toutes les photos possibles. Le site est vraiment particulier avec ses grosses collines aux pentes totalement recouvertes d’énormes rochers érodés ce qui nous rappelle un peu les Météores en Grèce.
Encore les noix de coco
Comme Guylaine avait «dérobé» cinq chocolatines ce matin au déjeuner, c’est avec un grand plaisir que nous faisons une autre arrêt pour les déguster. Je découvre alors une moitié de noix de coco par terre. Elle est complètement séchée et nous pouvons voir l’intérieur avec la coquille typique et dure de la noix mais, autour d’elle, l’enveloppe de fibres qui servent à confectionner les cordes. Il n’y a plus aucune contestation possible et je fais mon mea culpa officiel : les cordes sont bel et bien faites avec les fibres de la seule et unique noix de coco!
Hôtel Sparsa
Nous arrivons à notre hôtel Sparsa vers 14h00. Il est situé en banlieue de Thiruvannamalai dans le petit village d’Athiyanthai. Un petit chemin d’environ 300 mètres mène à ce Resort super huppé de plusieurs millions de dollars. Mais, comme vous vous en doutez bien, ce fameux petit chemin est une véritable montagne russe pour l’auto! Vidji a peine à éviter les énormes bosses et souvent le dessous de l’auto accroche. Tout cela pour illustrer encore une fois ce que j’ai écrit dans un billet hier, l’Inde c’est la persistance du temporaire. On investit 10 millions de dollars dans un Resort super de luxe et on n’a même pas le génie de prévoir une gratte pour le chemin d’accès! Chez nous, des chemins comme cela, ça mène à des «campes» perdus dans le fond des bois. Ici…
Asram Ramana
Après nous être rafraichis et restaurés, nous sommes allés à l’ashram Ramana pour nous enquérir de la possibilité de gravir la montagne pour visiter la grotte où le guru Ramana a passé une partie de sa vie et où il est décédé. On nous donne tous les renseignements et Marcel et Guylaine pourront faire l’ascension demain matin à compter de 6h30. Raymonde doit les accompagner en souvenir de sa sœur Marie-Pier qui a séjourné à cet ashram et qui a gravi cette montagne sacrée. C’est pendant cette ascension qu’une de ses compagnes était décédée.
Pendant l’attente d’une réponse pour l’ascension, j’ai observé la «faune» qui habite cet ashram et la comparer à celle de l’ashram d’Amma où nous avons séjourné. Complètement différent! Ici c’est la diversité et la couleur qui domine. Très peu de blanc qui semblait la marque de commerce d’Amma. Beaucoup de gens sont en vêtements occidentaux, même en bermuda. Mais ce qui m’enchante le plus c’est le silence! IL FAIT SILENCE ICI! Tout le monde parle à voix basse. Chez Amma, c’était la cacophonie des chants et des prières de 5 heures le matin à 22 heures le soir! Pollution auditive !
Petite parenthèse concernant le «décès» de Ramana. Selon ses disciples qui propagent cette façon de voir les choses, à sa mort, le guru Ramana a décidé de «quitter» sont corps volontairement! Bon, c’est possible mais mon esprit cartésien a beaucoup de problème avec cela. Ça me fait penser à cette petite histoire d’un médecin qui, appelé au chevet d’une personne décédée et en mal de trouver une explication à sa mort, dit à la famille éprouvée : «Il est mort pendant son sommeil suite à un cauchemar qu’il a fait!». Qui sommes nous pour décider ainsi si une personne a ou non «volontairement» quitté son corps si on n’est pas dans ce corps pour le savoir? Ridicule!
La journée s’est terminée par une visite guidée par Vidji du temple de Shiva. Je vais revenir éventuellement sur la religiosité de notre chauffeur qui est assez étonnante et qui mérite que l’on s’y attarde.
Comme notre resort interdit la cigarette et l’alcool, Raymonde et Marcel avaient eu un très bon pressentiment ce matin en demandant à Vidji de nous arrêter à Pondicherry pour y acheter six bouteilles de bon vin à très bon prix car ici, on peut acheter tous les alcools sans taxe. Nous avons donc remplacé notre bière quotidienne par la dégustation d’une bonne bouteille de vin à laquelle Raymonde a pu participer.
Ring! Ring! This is room 116!
Une des incongruités de l’Inde est de n’offrir sur le menu des restaurants des hôtels et des resorts que des mets indiens. Donc, si nous désirons manger autre chose que des dahls et des paneers, il faut nécessairement commander par téléphone au service aux chambres à partir d’un menu spécial disponible seulement dans les chambres.
Hier soir, Raymonde et Guylaine se retrouvent au resto et tentent de se faire faire un sandwiche. Impossible de commander ici, leur dit le garçon! Seulement par téléphone! Devant le ridicule de la situation, Raymonde décide donc de faire son «show», et on sait de quoi elle est capable. Devant le garçon du restaurant ahuri, elle fait semblant de composer le numéro de téléphone du service aux chambres : «Ring! Ring! Hello! This is room 116! I want to order a chicken sandwich and a french fries!». Le jeune homme, complètement décontenancé, réalise que Raymonde est sérieuse et prend sa commande mais en l’avertissant qu’elle devra manger ces aliments en dehors du restaurant. Guylaine est morte de rire et doit quitter la pièce craignant de faire pipi dans son pantalon!
L’Inde c’est aussi cela!
Bonne journée!