16 février 2013
Bon matin!
La première adaptation de la journée est de se lever à 05h30, déjeuner à 06h00, partir à 06h30, rouler 3/4 h et attendre le départ de notre avion à 09h00. Hier, nous étions tous les trois très heureux de pouvoir faire la grasse matinée, avoir toute l'avant-midi pour nous, sans compter le temps et prendre notre vol a 13h25. Le guide Thai, hier, entre dans le bus pour nous annoncer la bonne nouvelle: départ demain, matin plutôt qu'en après-midi!!!! Étant adultes, nous ne pouvons pleurer... Il était tellement certain que nous serions heureux.
Je pense qu'en sachant que Pascal était malade et qu'il ne pouvait pas suivre, car il restait dans le véhicule pour se reposer (il n'avait pas dormi la nuit précédente), le bureau a changé nos plans afin de passer plus de temps en campagne! C'est une possibilité!
L'air est frais ce matin: 24°C. Le soleil se lèvera dans quelques 15 minutes. Assisse dans la vannette, je vois des moines revenir avec le fruit de leur mendicité.
La vie de moine
Avant d'écrire a ce sujet, ma réflexion m'amène à penser que nous avons des mots pour expliquer notre vie. Une personne pauvre qui demande l'aumône dans la rue s'appelle mendiant. Le moine ou le curé qui demande l'aumône, on dit que nous leur faisons des offrandes. Mais au fond, ce sont tous les trois des mendiants: l'un que l'on regarde de haut, soit le mendiant, et les deux autres que l'on admire. Bon!
Ici, à Mandalay, le monastère Mahagandayon est un pensionnat qui prend en charge l'éducation d'enfants défavorisés et leur donne un enseignement. Pour être admis, ces derniers doivent accepter de suivre les dix commandements suivants :
1. Avoir un grand cœur,
2. Respecter le code de vie monastique,
3. Être en bonne santé,
4. Être propre,
5. Savoir s'habiller,
6. Avoir un comportement intelligent,
7. Marcher sereinement,
8. Dire des choses sensées,
9. Obéir aux règles,
10. Être assidu au travail.
Des règles plutôt strictes guident la vie des moines et deviennent de plus en plus contraignantes au fil des années. Lever et le petit déjeuner frugal est pris à 05h00. Le deuxième et dernier repas de la journée, qui a lieu à 10h15, est devenu une attraction touristique.
La vie monastique est très stricte. Ils se dirigent vers le réfectoire, en file indienne, chacun portant sa gamelle que l'on remplit de riz, puis se dirigent vers le réfectoire ou sont dressées des tables avec un assortiment de légumes, de soupes et de fruits, apportés, en principe, par les familles des pensionnaires.
Ce n'est pas une tâche aisée, car au delà des images factuelles, la matinée se passe à quêter pour le monastère ou à faire l'aumône de nourriture. À cette occasion, les moines déambulent dans les rue, pieds nus, avec sous le bras leur gros bol en laque noire. Il n'aura plus rien à manger jusqu'au petit déjeuner du lendemain matin : 17 heures de jeûne quotidien et à vie !
Il est clair que le "touriste moyen" ne peut avoir qu'une image assez incomplète de la réalité. Les plus jeunes forment une haie de chaque côté, et les plus anciens passent au milieu et seront servis les premiers. Des centaines de moines attendent le "signal" du départ. Moine et bonze signifie à peu près la même chose. Les novices sont les jeunes enfants qui se préparent à devenir moines.
Les nonnes (ou bonzesses), plutôt rares, ont des règles de vie différentes et ne partagent pas le quotidien des moines. Elles sont de toute évidence beaucoup moins bien considérées que ces derniers. Un ordre religieux plutôt machiste ? Rien de très nouveau sous le soleil, fût-il d'Asie..
L'après midi est consacré à l'enseignement et à la méditation. Au Myanmar, les moines furent en premières lignes lors des manifestations de l'automne 2007. Ils manifestaient en premier lieu, comme la population, contre la vie chère, et quand on sait que leur subsistance provient à 100% des dons des fidèles, on peut comprendre qu'ils se sentaient concernés !
En effet, le moine ne possède rien, si ce n'est quelques pièces de tissus, un bol à aumône et quelques livres. Ses repas quotidiens, son enseignement et le gîte sont pourvus par le monastère et financés totalement par des dons privés. C'est donc ainsi plus d'un demi-million de personnes qui échappe à la sphère "publique et économique" classique. Soit au moins un birman sur dix !!! Il est difficile de compter "les troupes", mais on peut gager que dans ce pays ou la vie est parfois si difficile, les vocations voient le jour de façon peut-être exponentielle. Un fils qui entre au monastère, c'est une bouche en moins à nourrir (sachant que l'enfant pourra facilement en sortir quelques années plus tard, s'il le souhaite). J'ai été très étonnée de l'âge moyen des moines rencontrés pendant ce séjour en Birmanie et que je situerais entre 25 et 35 ans...
De la hiérarchie, justement, on ne sait pas grand chose (on ne la voit pas vraiment non plus). Certains lui prêtent des visées un peu plus politiques : elle serait parfois mieux lotie matériellement et en partie soutenue financièrement par les autorités, qui trouveraient ainsi le moyen de mieux contrôler ce petit monde d'un demi-million de bonzes.
Bien sûr, tout cela n'est que suppositions. Peu de gens savent vraiment (manque de transparence évident) et ceux qui savent, n'en parlent pas. Une grande partie de la journée du jeune moine est consacrée à la lecture, à haute voix, des textes sacrés.
Tôt le matin, des fidèles déposent de la nourriture pour les bonzes dans des vases noirs placés à cet effet devant les statues du Bouddha.
D'autres préfèrent que les moines viennent chercher les offrandes chez eux. Très jeunes, les garçons suivent les rites d'initiation des bonzes. Mais le shinpyu, ou accession à l'état de moine bouddhiste, n'est assorti d'aucun vœu. Ils peuvent, à tout moment, renoncer à la vie religieuse. C'est ce qu'ils font pour la plupart, une fois acquis un certain degré de connaissance.
Au lac Inle
Notre atterrissage à Heho fut plutôt cahoteux! Il fait moins chaud ici. Une brise semble installée de façon permanente. Nous sommes à Heho. Ces habitants vivent en autosuffisance, grâce à la générosité de la nature. La technique des plants flottants favorise une récolte abondante, une maîtrise qui leur permet d'être les premiers producteurs de tomates du pays.
Le lac Inle est situé à environ 900 m d'altitude et les températures sont plus clémentes: 9° le matin et 31o dans la journée; c'est donc une fraîcheur toute relative. La salle d'embarquement se remplit rapidement; les vols, les compagnies sont annoncés à tue-tête et à grand renfort de pancartes. Sur le parking, des vendeurs de fraises. L'état Shan est le grenier de la Birmanie. Tout y est cultivé : riz, blé, cacahuètes, haricots, pois chiches, gingembre, ail, oignon, tomates, fraises, oranges. Le paysage est très différent avec sa terre rouge. Il y de nombreux pins. Nous traversons des villages où vivent des ethnies différentes, entre autre les Pa-o, les Danu, les Hinda ; il y 33 ethnies dans le seul état Shan.
Le lac est au centre de toute la vie de ses habitants. On s'y lave, on s'y baigne, on y fait sa lessive, on y pêche et même on y cultive. Le lac est peu profond, un mètre le plus souvent, il s'y développe des entrelacs de plantes et jacinthes d'eau tellement denses qu'ils les recouvrent d'engrais pour y faire pousser des légumes et surtout des tomates. Ces jardins flottants approvisionnent tout le pays pendant une partie de l'année. Un système généreux donnant 3 ou 4 récoltes par an. Cette tribu, portant des costumes traditionnels, mène une vie très active liée au commerce et à l'agriculture. Leur vie s'organise autour de villages aux maisons sur pilotis entourées de jardins flottants, créés par l'accumulation de coraux et d'humus. Le lac est bordé de maisons sur pilotis en bambous et paille. Vraiment charmant. Nous empruntons une route, non un chemin de vache, asphaltée qu'au centre. Lorsqu'il faut rencontrer, les deux conducteurs se tassent afin d'embarquer sur l'accotement. On dirait que je suis dans un film des années 40 ou 50.
Car j'ai vu une dizaine d'hommes et de femmes s'échiner pour transporter de la pierre, dans un panier d'osier, afin de solidifier le chemin. Le bitume utilisé sent très fort. Il semblerait que les enfants accompagnent leurs parents qui travaillent ensemble. La fumée qui s'échappe sent, elle aussi, très fort.
J'ai vu des attelages de deux buffles magnifiques tirés une charrette qui roule sur deux immenses roues en bois. L'homme qui trône au centre, tient un fouet qui semble lui servir plus pour chasser les mouches que pur les faire avancer.
J'ai vu des familles complètes, a 17h00, se baigner dans la rivière, riant en s'arrosant comme si la journée avait été un dimanche. La fatigue semble les avoir quittés pour ces moments de plaisir.
J'ai vu des gens couper des gerbes de blé à la faucille! Oui, oui, à la faucille. Ensuite, ils secouent ces gerbes sur une pierre afin de détacher les grains. Une autre personne ventile les grains afin que les écales partent au vent. Même principe que l'on emploie pour vanner les bleuets.
J'ai acheté à ma belle Laurence, une ombrelle fabriquée par un jeune père de famille de l'âge à Sylvain. Je l'ai naturellement acheté rose. Il est fait à la main et les fleurs sont des pétales de fleurs du jardin. Il est magnifique.
Je fais un peu du coq-à-l'âne:
- Chaque vol domestique coûte environ 100$ US;
- Hier soir, nous avons soupé a l'extérieur. J'ai vécu une séance d'acupuncture intensive de la part des maringouins birmans. Ma jambe droite et mon bras gauche sont les zones les plus affectées par ces dragulas sanguinaires.
Nous avons visité une grotte ou trônent 8 096 bouddhas en pierre, en bois, en teck, en ciment, en marbre; ils viennent de partout dans le monde. Il y a même une stalactite qui a rencontré une stalagmite : elles auraient 200 millions d'années.
Suite à cette visite inusitée, nous rentrons à Inle Lake View Resort & Spa. Ici, mes filles adorées, Vicky et Valérie tripperaient certainement. En pleine nature, les oiseaux qui chantent, le fameux coq birman qui s'époumone à 18h30. Je crois qu'il vit un décalage horaire aussi. Il mélange le coucher de soleil avec le lever.
En terminant, les hôtels sont tous aussi beaux les uns que les autres. Leur différence augmente leur charme. Hier soir, notre 5 étoiles ouvert depuis seulement 3 mois, dont le propriétaire est un exploiteur minier, ce qui donne un hôtel ou les sculptures en bois teck sont nombreuses, dont les toiles et les tableaux sont des originaux, ou les portes sont de bois sculpté, dont les rideaux sont en soie, dont la douche est en céramique importée d'Italie, dont....
Ce soir, un petit coin de paradis. La nature, le spa, les oiseaux, le bord du Lac Inle, le vent dans les feuilles, la beauté de l'immense chambre, tout est parfait.
C'est la première fois que je vis dans du 4 a 5 étoiles, tous les soirs. J'aime beaucoup! J'ai l'impression de jouer à la princesse et faire partie d'un conte des milles et une nuit!
Bonne nuit et tendresse x x x
POUR LES PHOTOS DU JOUR & EN SAVOIR PLUS : Le Jour 16 sur le blogue de Pascal.