Voici un autre épisode vécu de la série
« VOYAGER C’EST AUSSI CELA…»
Bukit Lawang, Sumatra, 25 janvier 2015
Ce matin nous quittons notre rudimentaire Ecolodge de Bukit Lawang. Nous sommes en retard car les porteurs ne sont pas encore là. Nous devons faire vite. Raymonde prend son sac à dos sur le lit et, me montrant le plafond me dit «Avertis quelqu’un qu’il y a une fuite d’eau à l’étage, le pied du lit est tout mouillé!». C’est bien le cas et, juste au dessus, au plafond, pend le fils de la lumière. C’est par là que l’eau à dégouté.
«Je m’en occupe!» que je lui réponds. Et elle part rejoindre le guide pour lui dire que j’arrive avec les valises.
Je vois un jeune garçon passer devant la porte : un jardinier avec ses bottes à vache vertes décorées de jaune. Je le fais entrer et lui montre le dégât d’eau sur le lit et la source au plafond en prenant bien soin de pointer les deux endroits du doigt. Il ne comprend pas l’anglais mais je suis convaincu qu’il a tout saisi.
Les porteurs arrivent et nous voilà à peine engagés sur le pont suspendu que le jeune jardinier revient à la course et, avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, me tend une bouteille d’eau en parlant rapidement à un porteur qui me traduit : «Il vous donne une bouteille d’eau pour remplacer celle que vous avez perdue et il a averti quelqu’un pour changer l’ampoule au plafond de la chambre.»
Éberlué! Je suis sans mot! Il a tout compris de travers! Pas le temps de lui expliquer d’autant plus que je suis malade ce matin et la seule chose que je veux c’est de m’asseoir tranquille dans le véhicule. Avec mon plus beau sourire «forcé», j’accepte la bouteille et lui dit « Terimakasi! (Merci!) ». « Sama Sama » (De rien) me répond-il. Et nous repartons de plus belle vers le stationnement.
Pendant le long déplacement vers Medan, la seule chose que je veux c’est contrôler mes nausées et essayer de dormir un peu car la nuit a été difficile. Entre mes périodes de somnolence, j’entends le bruissement de feuilles de papier que Raymonde et Effendy s’échangent.
Vient l’arrêt technique du matin et la pause-pipi. Il fait super chaud et le soleil plombe. Nous repartons. C’est alors que je remarque des feuilles étendues sous le pare-brise. «C’est quoi ça?» que je demande à Raymonde. «Ben, imagines-toi, mon amour, que ma bouteille d’eau s’est ouverte dans mon sac ce matin et a mouillé mes 40 feuilles de notes! La bonne nouvelle, Effendy me les a fait sécher sous la chaleur du pare-brise! Tout va bien. Pas de problème.»
Oh boy! La fuite d’eau était dans le sac, pas à l’étage! Sans rien ajouter, je me retourne vers la fenêtre, ferme les yeux et repenses à ce jeune garçon aux bottes à vache verte et jaune de ce matin : au fond, contrairement à ce que je pensais, peut-être qu’il avait tout compris et qu’il ne voulait pas que je perde la face devant lui!
Je suis peut-être dans le champ avec mon interprétation mais je tiens de tout mon cœur à partager cette leçon de vie de la part d’un jeune indonésien aux bottes à vache verte et jaune d’une gentillesse bien représentative de ses compatriotes.
Voilà. C’est dit!
LA CARTE Itinéraire du voyage
NAVIGUER SUR NOS BLOGUES Vous pouvez aussi suivre ce voyage sur le blogue ASIE RAY qui apporte une autre dimension à ce périple par la touche toute personnelle de Raymonde de raconter nos péripéties! Pour la version «cartésienne» de ce voyage, ne manquez pas de consulter le blogue ASIE que Pascal rédige minutieusement au jour le jour!